Cecile REIMS
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France 1927 - 2020
Surréalisme
Tsila Remz, devenue Cécile Reims, née le 10 octobre 1927 à Paris et morte le 18 juillet 2020 à La Châtre (Indre), est une graveuse français d'origine lituanienne.
Dès son plus jeune âge, son énergie est forgée, en France, dans la Résistance, puis en Palestine - mais bientôt sa santé défaillante l'oblige à des combats moins vifs, sinon moins intenses, dans le champ de l'art. Initiée à la gravure au burin, à Paris, par Joseph Hecht, maître rigoureux, elle produit entre 1950 et 1960 une soixantaine d'oeuvres originales qui attirent l'attention. Sa rencontre avec Hans Bellmer est ensuite décisive : elle en interprète brillamment, au burin et à la pointe sèche, quelque deux cents dessins entre 1967 et 1975. Nul ne saurait nier que son travail a contribué à élargir le succès universel de Bellmer. De même, à partir de 1971, a-t-elle traité nombre de dessins de son époux Fred Deux, ainsi que de Leonor Fini. Depuis quelques années, elle grave à nouveau également d'après ses propres compositions.
Sa qualité d'interprète, d'abord secrète puis dévoilée, la relie à une tradition splendide qu'on oublie trop aujourd'hui, même s'il existe de nombreux signes avantcoureurs d'une réhabilitation de cet art. Mais son talent propre d'inventeur, jouant de virtuosité et d'élégance, mérite aussi bien d'être salué.
Jean-Noël Jeannerey, Président de la Bibliothèque nationale de France, à l’occasion de l’exposition " Cécile Reims graveur " à la Bibliothèque nationale de France.
1927
Naissance à Paris de Cécile Reims le 19 octobre et mort de sa mère. L'enfant est confiée à ses grands parents maternels quivivent dans une bourgade de Lituanie. Elle grandit au sein d'une famille nombreuse, où le rituel quotidien et la célébration des fêtes rythment une existence dans laquelle toute chose trouve un sens et s'intrègre dans un ordre.
1933
Son père souhaitant que sa fille soit instruite en France la fait revenir à Paris, accompagnée d'une de ses tantes. L'enfant entre à l'internat du lycée Victor-Duruy. La brusque privation de tout ce qui ordonnait son quotidien jusqu'aux mots qui nomment - elle ne parle pas le français - ouvre une fissure elle-même indéfinissable.
1936
Cécile Reims quitte l'internat et vit avec son père. Elle passe ses jeudis à dessiner ou à découper dans les catalogues de réclames des personnages qu'elle réunit dans des vies imaginaires et toujours heureuses.
1940
L'Occupation.
1941
Premières lois raciales. Le port obligatoires de l'étoile jaune et les interdits qui l'accompagnent permettent à Cécile Reims de nommer le mal-ête qui l'habite.
1942
La rafle du Vél' d'hiv' disperse la famille. Cécile Reims rejoint des amis de sa tante, à Cauterets. Au lycée de Castres, elle rencontre une élève dans la même situation qu'elle, qui lui apprend qu'une résistance juive s'organise et, nouvelle bouleversante, que les Juifs ont un pays.
1943
Cécile Reims entre en rapport avec l'Organisation juive de combat. Elle est chargée de transporter des messages et des faux papiers.
1944
La libération. Retour a Paris. Retrouvailles avec son père et sa tante. Elle essaie de reprendre ses études mais se sent étrangère au monde des étudiants.
1945
Elle apprend que toute sa famille en Lituanie a été massacrée. Les études lui apparaissent comme un non-sens et elle s'engage dans l'arrnée clandestine qui se forme pour l'existence d'un État juif.
1946
Départ pour la Palestine munie de faux papiers. Elle passe quelques mois dans un kibboutz puis s'installe dans un quartier pauvre de la périphérie de Jérusalem. Elle travaille juste ce qu'il faut pour subvenir à des besoins très frugaux et avoir du temps pour dessiner. Nombreux croquis dans la vieille ville et ses environs.
1947
La guerre éclate. Jérusalem est assiégée. Cécile Reims est incorporée dans l'armée.
1948
Atteinte de la tuberculose, elle est contrainte de venir se soigner en France.
1949-1950
Elle s'inscrit aux cours libres de la Grande Chaumière. Elle rencontre le graveur Joseph Hecht dont elle deviendra l'élève. Elle dessine et grave Le Canal de l'Ourcq, La Seine à Levallois...
1951
Elle espère, surmonter sa " mélancolie " dans des lieux plus ensoleillés : elle part en Catalogue où elle loge chez des pêcheurs. Elle dessine et grave Visages d'Espagne. Grâce à Violette et Pepito Artigas, ses gravures sont éditées à Barcelone et lui permettent de prolonger son séjour.
De retour à Paris, elle expose à la galerie Le Fanal et chez Pelletan-Helleu.
Édition des Psaumes. Le musée Bezalel à Jérusalem présente sa première exposition de gravures.
Décembre : elle rencontre Fred Deux. Venu d'un horizon aux antipodes du sien (le sous-prolétariat de Boulogne-Billancourt), il lui fait découvrir une liberté et un rêve possibles ; un chemin sans tracé. Elle s'engage avec lui dans une existence précaire.
1952
Long séjour en sanatorium, à Hauteville (Ain). La lettre quotidienne de Fred est le fil qui la rattache à la vie.
1953-1955
Retour à Paris. Vie difficile.
Fred Deux dessine et écrit un peu.
Cécile Reims reprend des forces et se rend souvent au Jardin des plantes où elle fait des croquis d'animaux vivants ou de ceux réunis dans l'antre merveilleux qu'abritait la Grande Verrière.
Pour réaliser un désir de Cécile,né à Jérusalem, Fred lui procure un métier à tisser. À l'aide d'un manuel, elle invente des tissages ; certains se vendent dans les boutiques de la Rive gauche.
1956
Cécile Reims et Fred Deux décident de passer les mois d'été près d'Hauteville et louent dans le village de Corcelles une ferme abandonnée dans la montagne. La vie est paisible, heureuse. Fred, alité à cause d'une rechute de tuberculose, écrit La Gana. Cécile tisse et dessine.
1958
La publication de La Gana leur permet d'acquérir une maison à Lacoux - lieu dit " Le bout du monde ".
Cécile Reims grave Les Métamorphoses d'Ovide.
1959
Elle grave Le Bestiaire de la mort, publié ultérieurement sous le titre Lointains.
Le tissage prend de l'ampleur. Fred Deux expose à la galerie du Dragon à Paris.
1960
Cécile Reims grave Déserts et Cosmogonies puis se consacre au tissage qui assure désormais leur existence. Elle présente ses tissus dans les maisons de haute couture en tant que " représentante de la maison Deux ". Cette activité créatrice lui convient, sans réticences : artisan plutôt qu'artiste.
1961
Elle écrit L'Epure.
1966
Fred Deux se manifeste à présent dans des expositions à Paris. Par l'intermédiaire de l'imprimeur Georges Visat, Cécile Reims devient l'interprète des dessins de Hans Bellmer et abandonne le métier tisser.
À partir de 1967
Dans une étroite collaboration avec Hans Bellmer se succèdent des livres : Petit traité de morale, Les Marionnettes, Les Chants de Maldoror, Les Anagrammes du corps et de nombreuses gravures indépendantes.
1972
Par l'intermédiaire d'un éditeur commun aux deux artistes, Cécile fait la connaissance de Leonor Fini. La " légèreté " des dessins de celle-ci offre au graveur une aire de détente, le plaisir du virtuose. Cécile grave Le Concile d'amour, puis, les années suivantes, des gravures indépendantes. Elle franchit un pas décisif en s'autorisant à transcrire en gravure les dessins de son compagnon - toutes les gravures seront signées par le dessinateur "cf.deux". Elle grave Copeaux.
1973 à 1975
L’altitude devenant préjudiciable à la santé de Cécile, ils quittent la montagne pour une ancienne ferme, trè ...
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