Eliane Larus, née au Pin (Deux-Sèvres) le 24 avril 1944, est un peintre, sculpteur et plasticien français. Elle vit et travaille à Paris 13e.

"Situé entre le grave et le dérisoire, entre le culturel et le brut, l'univers d'Eliane LARUS, qui fut à ses débuts soutenue par Jean DUBUFFET, est autant marqué par la nostalgie de l'enfance que préoccupé de recherches plastiques. Qu'il s'agisse de peintures ou de sculptures, son travail a d'abord pour objet la quête d'une émotion poétique."
Eliane Larus est née en 1944 au Pin, petit bourg situé aux limites des Deux-Sèvres et de la Vendée.
Après avoir passé son baccalauréat à Thouars, elle fait ses études aux Beaux-Arts de Tours puis à ceux de Paris dans l'atelier du peintre Gustave Singier. Elle y obtient le Diplôme Supérieur d'Arts Plastiques section peinture en 1969. Pendant dix ans, tout en approfondissant son aventure de peintre, elle est professeur de dessin dans les écoles primaires où elle enseigne à des enfants de 6 à 12 ans. La liberté et l'inventivité qu'expriment les dessins de ses jeunes élèves auront une influence déterminante sur son propre travail.

Venue à Paris sur un coup d'audace, elle connait des débuts difficiles. Elle se déplace avec peine, handicapée par des hanches fragiles.
Un jour de l'été 1969, intriguée par une peinture exposée en vitrine, elle pousse la porte d'une galerie du 8ème arrondissement. Elle a par hasard en poche une enveloppe contenant quelques photographies de ses travaux développées le matin-même. Le directeur de la galerie s'y intéresse et expose quelques semaines plus tard sa peinture entre les tableaux de Lapicque et de Dufy. Peu après, les deux natures mortes sont vendues et partent pour Philadelphie...
Mais la galerie de la rue de Miromesnil, dont le patron est si peu représentatif des galeristes rive droite d'alors, ne va pas tarder à fermer. Eliane réalisera vite que cette courte aventure ne pouvait être qu'exceptionnelle. Une longue période de purgatoire commence. Elle durera douze ans.
Pendant ces années elle découvre la collection d'art brut rassemblée par Jean Dubuffet puis rencontre Alain Bourbonnais futur créateur de la Fabuloserie. L'intérêt qu'elle éprouve pour les artistes singuliers s'affirme; elle remet en question ses acquis et essaie d'oublier ses années de beaux-arts pour se lancer dans une nouvelle aventure qui changera définitivement sa vision de peintre.
Certains Salons acceptant d'exposer son travail, elle réunit quelques artistes marginaux en un petit groupe baptisé Pixture qui se montrera quelque années au Salon de la Jeune Peinture. Plus tard elle participera au Salon de Montrouge, à la Jeune Sculpture, au Salon de Mai, à Grands et Jeunes d'aujourd'hui, et à bien d'autres...
Vers la fin des années soixante-dix, alors qu'elle vient d'abandonner le professorat de dessin pour raison de santé, elle entre en rapport avec Jean Dubuffet. Il va devenir très vite son plus grand soutien moral. L'inventeur de L'ourloupe et des Gambadeuses d'asphalte apprécie en effet beaucoup le travail de Larus qu'il trouve particulièrement inventif et riche en émotions.
En 1980, la galeriste d'origine Brésilienne Ceres Franco, qu'elle connaît depuis deux ans, invite Eliane à participer à des expositions à thèmes dans sa galerie L'oeil de Boeuf. Elle y croise les peintres Jaber, Guimaraes, Chaïbia, mais aussi Corneille et Lucebert, deux des initiateurs du prestigieux mouvement Cobra. C'est là aussi qu'elle rencontre Michel Macréau, précurseur 10 ans plus tôt du style graffiti. Les encouragements que ces grands aînés lui prodigueront seront décisifs.
Réalisée avec l'aide du Ministère de la Culture la première exposition d'Eliane Larus à L'oeil de Boeuf en 1983 est une réussite. La galerie étant cette année-là gênée par des travaux de ravalement, quelques bois découpés, dont un Ange pêcheur, sont accrochés aux tubulures qui barrent la vitrine. Le vernissage, pimenté par l'enthousiasme des artistes Latino-américains qui fréquentent le lieu, est particulièrement chaleureux.
L'année suivante, la première apparition de Larus à la Fiac avec Ceres Franco est également un succès. Le critique d'art Gérard Xuriguera lui donne alors carte blanche pour la réalisation d'une exposition sur le thème de la figure aux Hauts de Belleville à Paris. Tous les peintres pressentis accepteront d'y participer (dont Corneille, Agid, Macréau, Mosner, Hubaut, Guimaraes, Segui, Wilson, Clerté...).
Une vie professionnelle bien remplie commence alors, où alternent expositions parisiennes et provinciales : à la galerie Jacqueline Moussion à Nantes et à Carnac, au centre culturel de Rochefort, au musée du Donjon de Niort, au musée du Papier d'Angoulême, à Brive, à Epinal. Elle est aussi invitée à Stockholm, à Munich, au Danemark...

Avec les années, sa curiosité et son appétit de changement augmentent : en même temps qu'elle met le bois en relief à l'aide d'une résine acrylique, l'envie lui vient de peindre sur verre, de gratter le linoleum, de graver le plexiglas et, au Mexique, de dessiner à l'encre sur l'amate, papier inventé autrefois par les Aztèques...
Ses sculptures dressées sur socle viennent de ses bois découpés muraux. Eux-mêmes sont issus de dessins au pourtour irrégulier. L'observation d'un personnage posé debout contre une chaise lors d'un accrochage lui donnera l'idée de les dégager du mur pour les faire vivre dans l'espace.
On dit parfois que les bois découpés d'Eliane Larus ressemblent aux bois peints de Gaston Chaissac. Mais notre regard manque peut-être d'acuité : Il y a en effet autant de similitudes que de différences entre les oeuvres de ces deux artistes. Chaissac cernait ses formes d'un trait épais, posait généralement ses couleurs en aplats, définissant maintes fois les sourcils et le nez de ses personnages d'un seul trait, leur donnant un visage plutôt petit. Au contraire, Larus pose ses couleurs par touches, sépare nettement les détails du visage et donne à ses personnages une tête souvent importante, comme arrêtée aux proportions de l'enfance. Elle complique parfois par plaisir; Chaissac a le génie de la simplicité. Il s'agit pourtant d'une même famille, ou en tout cas d'un état d'esprit commun. L'un des grands regrets d'Eliane Larus est d'ailleurs de n'avoir pas pu rencontrer Gaston Chaissac, peintre d'exception disparu trop tôt.

L'oeuvre d'Eliane Larus est protéiforme; une humanité fragile s'y révèle, à la fois touchante, cocasse, et grave puisqu'il y est souvent question d'enfance et d'innocence perdue, d'enfer et de paradis. Ses personnages hauts en couleur et riches en matière sont souvent dérisoires et pathétiques : Vénus au bidon... Bonhomme haut comme trois pommes... Enfant au nez fil de fer... Dans les oeuvres récentes (Les grands vacances, Paysage à l'homme bleu, Scène nocturne au phare) se confirme une tendance à la fusion. Les éléments des paysages -mer, terre, ciel- s'interpénétrent pour perturber la logique du regard. Des taches de couleur informelles frottées à la spatule fracturent la composition pour aboutir à une sorte de chaos organisé. L'impression générale est un peu celle d'un rêve éveillé.
Malgré son apparente naïveté, cette oeuvre empreinte de poésie, avec ses différences surprenantes d'atmosphère et de facture est aussi le lieu d'une recherche formelle poussée et remarquablement maîtrisée.
Cette artiste porte depuis toujours une affection particulière aux personnages imparfaits, aux corps gauches, aux expressions à la fois drôles et tristes, insolites associations de l'homme et de l'animal, du vivant et de la chose. Ces figures éberluées et touchantes appréhendent tout juste notre monde et perçoivent confusément qu'elles n'y ont pas leur place. Peut-être nous apercevrons-nous un jour, en un temps de plus grande lucidité, que ces entités pitoyables et innocentes portent en elles le ...

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